Le Dernier Chat noir

TRIVIZAS EugĂšne

Personne n’a prĂȘtĂ© attention Ă  la disparition de Soyeux, Saltimbanque et RamsĂšs. Le hĂ©ros narrateur non plus. Mais quand il assiste Ă  l’enlĂšvement d’un autre chat noir, il prend peur d’autant qu’il surprend d’inquiĂ©tantes conversations parmi les hommes : le Cercle des Superstitieux mettrait sur le compte des chats noirs le moindre revers de fortune ; la chasse et la persĂ©cution en seraient donc ouvertes
.

Nous voici, sans prĂ©ambule, dans une fable animaliĂšre, de facture classique : les chats pensent, aiment, parlent comme des humains. La  transposition n’a ni la finesse ni l’humour des Dialogues de bĂȘtes de Colette auxquels il pourrait faire penser. Il s’agit d’une fable politique pour dĂ©noncer l’invention de boucs-Ă©missaires, le mĂ©canisme de propagation d’une rumeur, les fondements absurdes du racisme et la violence qu’il engendre. La charge, un peu systĂ©matique, avec des effets trĂšs dĂ©monstratifs, est bien menĂ©e et efficace. PĂ©dagogiquement intĂ©ressant pour initier une rĂ©flexion, ce roman, Ă  l’écriture sage et Ă©lĂ©gante, aurait mĂ©ritĂ© plus de fantaisie pour dĂ©passer son intention louable et crĂ©er un vĂ©ritable univers.