En attendant le printemps

FULLER Alexandra

Dans une rĂ©serve amĂ©rindienne du Dakota, vivent deux cousins de la tribu des Lakota. Ils sont Ă©galement citoyens des États-Unis et, comme tels, soumis aux lois fĂ©dĂ©rales. L’aĂźnĂ© participe sans la comprendre Ă  la guerre du ViĂȘt-Nam, le cadet vit de petits trafics entre deux sĂ©jours en prison. Ils se dĂ©testent. MalgrĂ© un drame inĂ©vitable, la solidaritĂ© de la communautĂ© reste la plus forte.  La « Rez », comme ses habitants l’appellent, est une parcelle de terre oubliĂ©e, au climat extrĂȘme. La pauvretĂ©, la crasse et l’alcoolisme y rĂšgnent. Une vision du monde profondĂ©ment ancrĂ©e en chacun veut que l’on adopte les cycles de la nature plutĂŽt que les contraintes de la vie moderne (« ils suivent la Lune, ils ne forcent pas la Lune Ă  les suivre »). Les autoritĂ©s dĂ©concertĂ©es n’y voient que paresse et mauvaise volontĂ©. De ce malentendu dĂ©coulent nombre de situations cocasses dont l’auteur (Partir avant les pluies, NB avril 2015) dresse, en de trĂšs courts chapitres, un tableau tragi-comique. L’humour n’élude ni les questions sur l’échec de l’intĂ©gration des populations « premiĂšres », ni leur histoire. La gravitĂ© de cette fable grinçante interroge sur les intentions qui pavent encore un tel Enfer. (A.Lec. et A.C.)