Des poupées et des dieux

WEST Paul

Dans la réserve des Indiens Hopi vit un vieil homme malade qui façonne des poupées en bois à l’image des dieux. Aveugle et extravagant, il meuble sa solitude de longs monologues intérieurs et d’échanges avec son « neveu-fils ». Celui-ci est tiraillé entre les traditions de son peuple et le monde des « Anglos » ; après une désastreuse expérience à Hollywood et une année terrible dans l’enfer humide et sanglant du Vietnam, il trouvera la paix dans sa tribu, dans la compagnie des étoiles.

 

Ainsi exprimée, la trame du récit est bien pauvre au regard de la luxuriance du roman. Les voix des personnages exubérants se mêlent à la parole de Sotuqnangu, le dieu tutélaire. L’auteur exprime la porosité de la frontière entre la vie et la mort, le divin et l’humain, le sacré et le trivial, il proclame la force vitale de l’esprit et de la création. Comme dans ses romans précédents (Doc Holliday, NB juin 2002), un style épique et délirant anime des images – des visions même – flamboyantes, dessine des caractères baroques. D’un abord difficile, ce roman très compact, sans direction ni respiration, est bien long et souvent excessif: il peut déconcerter – sinon décourager – le lecteur.