Si rude soit le début

MARÍAS Javier

Dans le Madrid des années quatre-vingt, le jeune Juan, secrétaire privé du célèbre scénariste Eduardo Muriel, est – bien malgré lui d’abord puis de plus en plus volontairement – témoin du malaise incompréhensible qui ronge le couple de ce dernier et dont il cherche à percer le mystère. Eduardo, de son côté, soupçonne un de ses amis, médecin, de basses actions…   Les années post-franquistes – où chacun s’efforce d’oublier les horreurs de la guerre civile et les lourds stigmates qu’elles ont laissés – sont la toile de fond de ce gros roman. La décision de ne pas dénoncer, tacite d’un bord comme de l’autre, a donné lieu à de sournois agissements. Le chemin sinueux qui mène au dénouement est vécu comme un parcours initiatique par le jeune narrateur. À travers de nombreuses considérations psychologiques et digressions sur l’amour, l’amitié, l’intégrité, la fidélité, la perversion, thèmes récurrents chez l’auteur (Comme les amours, NB octobre 2013), on approche lentement de la vérité à la manière dont un psychothérapeute pratique la maïeutique. D’une lecture un peu ardue au début en dépit d’une belle écriture, de phrases brillantes et parfois érudites, le roman prend toute sa force dans la seconde partie. (S.D. et M.-N.P.)