Sarcelles Dakar.

SANÉ Insa

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À dix-neuf ans, Djiraël fréquente – distraitement – la fac, drague avec une tchatche imparable, et trempe à l’occasion dans quelques embrouilles peu reluisantes pour assouvir son goût des vêtements de marques et autres produits moins licites. La rencontre de Farah, jeune fille pas comme les autres que son origine maghrebine rend presque inaccessible pour un Africain, amorce une évolution, que le voyage au Sénégal, où sa mère entraîne Djiraël, va parfaire. Le jeune homme s’y retrouve confronté au souvenir d’un père qu’il jugeait trop sévère et trop absent, et dont le lecteur découvre qu’il est mort.

Au-delà du langage cru hérité du slam, et de la réalité sordide des quartiers urbains défavorisés, aussi bien à Dakar qu’à Paris, cette quête d’identité pose un constat, sans jugement de valeur, des conditions de vie de jeunes sans repères et sans avenir, perdus entre des objectifs au jour le jour et des engagements identitaires de façade. Des visions et des contes, de plus en plus explicites, scandent le parcours du jeune homme où s’affirment des valeurs humaines fortes, la réconciliation avec le père disparu et l’acceptation de son héritage. Le ton devient lyrique mais reste empreint de l’humour caustique des contes traditionnels. Entre roman social noir à la Chester Himes – lecture revendiquée par l’auteur – et poésie mystique de l’expérience animiste, cette peinture sans angélisme est porteuse d’espoir… et d’embrouilles à venir dans un amour véritable assumé. Une découverte pour les adolescents.