Qu’il emporte mon secret

LE BIHAN Sylvie

Dans une chambre d’hĂŽtel de Grenoble, HĂ©lĂšne, romanciĂšre de quarante-sept ans, attend fĂ©brilement de comparaĂźtre comme tĂ©moin au procĂšs d’un criminel. C’est lui qui l’a reconnue dans sa prison oĂč elle animait un atelier d’écriture. Il serait l’un des trois hommes qui l’ont violĂ©e quand elle avait seize ans. Elle a enfoui ce secret au plus profond d’elle-mĂȘme, et a multipliĂ© les aventures sans lendemain. Mais son dernier amant, LĂ©o, jeune Ă©crivain rencontrĂ© lors d’un salon littĂ©raire, l’a Ă©mue diffĂ©remment. Dans une longue lettre de rupture elle lui raconte sa vie, avant et aprĂšs la tragĂ©die.    Ce troisiĂšme roman de Sylvie Le Bihan (LĂ  oĂč s’arrĂȘte la terre, NB juillet-aoĂ»t 2015) est clairement nĂ© du viol qu’elle a elle-mĂȘme subi Ă  l’ñge de son hĂ©roĂŻne. AprĂšs des dĂ©cennies de silence, elle se libĂšre enfin Ă  travers la fiction avec un but trĂšs clair : alerter l’opinion pour que le viol devienne imprescriptible. Roman non dĂ©pourvu de suspense car la narratrice Ă©voque la fille qu’elle Ă©tait, celle qu’elle est devenue et enfin seulement, par bribes successives, le crime lui-mĂȘme. Le dĂ©nouement trĂšs inattendu s’inspire lui aussi de la rĂ©alitĂ©. L’écriture – c’est dommage – est assez souvent redondante, encombrĂ©e de dĂ©tails inutiles ou rĂ©currents. (E.L. et M.-C.A.)