On n’a rien vu venir

Soir d’élection, soir de liesse. Dans la rue, Walid ouvre les yeux d’Hector : le Parti de la libertĂ©, c’est « la vermine Ă©liminĂ©e ». Il y a ceux qui partent. Il y a ceux qui restent, confrontĂ©s aux nouvelles lois : un absurde nuancier menace les « trop colorĂ©s » ; Simon, clouĂ© sur son fauteuil, relĂšve du centre de « remĂ©diation positive » ; au collĂšge, le vert des uniformes joue la signalĂ©tique ; la dĂ©lation partout ; et des rĂšglements ubuesques. RĂ©sister ?Les hĂ©ros de ces 7 textes sont des adolescents qui voient s’installer les verrous d’un Ă©tat totalitaire. Le propos n’est pas original. Le parti pris optimiste – les jeunes, tĂ©moins de cette imposture, rĂ©agissent – l’est davantage Ă  moins qu’il ne paraisse angĂ©lique. La prĂ©face de StĂ©phane Hessel qui exhorte Ă  y croire relĂšve de l’acte de foi. Plus Ă©tonnante est l’unitĂ© de ton de ce « roman » Ă  plusieurs voix dont on ne perçoit pas les coutures : les 7 romanciĂšres partagent la mĂȘme simplicitĂ© d’écriture, la mĂȘme sobriĂ©tĂ© pour que s’imbriquent sans heurt les piĂšces du puzzle militant qu’elles ont construit.