Mère forte à agitée

JÄGERFELD Jenny

Les déboires se succèdent pour Mado : en cours de sculpture, elle se sectionne le pouce avec une scie. À la gare où sa mère l’attend un week-end sur deux, personne n’est là. Dans la maison où elle se rend seule, des signes inquiétants témoignent d’une absence insolite. Pieds nus dans le jardin, la jeune fille se plante trois échardes dans le pied. À la recherche d’une pince à épiler, elle finit par taper à la porte de la maison voisine et tombe au milieu de jeunes qui font la fête. Pourquoi l’adolescente ne signale-t-elle pas la disparition de sa mère, n’en parle-t-elle même pas à son père à son retour ?

Une quête éperdue d’amour maternel, une certaine injustice envers le père qui a sa garde résultent de l’éloignement matériel et affectif d’une mère brillante intellectuellement mais inapte au moindre geste de tendresse. Personnalité attachante, Mado vit dans un flottement permanent, inévitablement autocentrée. Le récit, intéressant par son style, débute de manière spectaculaire, évolue vers un possible thriller autour de la disparition de la mère tout en explorant la psychologie du manque. Son épilogue surprend, presque frustrant : le diagnostic d’un syndrome d’Asperger chez la mère. (A.-M.R. et C.B.)