Maman aime danser

POBEL Didier

« Je », du haut de ses trois ou quatre ans, ne comprend pas ce qui se passe. Maman est partie vendredi soir pour s’amuser et n’est pas encore rentrĂ©e. Elle aime danser, mais la musique doit ĂȘtre finie maintenant
 L’appartement est silencieux. Mamie ne regarde plus la tĂ©lĂ©, et parle Ă  voix basse avec Papa, ils ont souvent les yeux rouges. En plus, il ne va plus Ă  l’école depuis plusieurs jours. Et puis un jour, il y a le journal sur la table, oĂč il voit sa maman en photo au milieu de plein d’autres gens
  Faire percevoir les Ă©vĂ©nements de novembre 2015 Ă  travers le ressenti d’un tout jeune enfant qui ne comprend pas pourquoi sa maman ne revient pas. Le chagrin des adultes, leur douleur, leurs Ă©changes Ă  demi-mots, leur souci de ne rien laisser Ă©chapper que l’enfant ne doive entendre, tout ce qui est cachĂ© dans leurs silences et leurs regards pour ne pas lui faire de mal
 Tout est suggĂ©rĂ© Ă  la pointe de l’émotion. Ce regard d’un enfant donne le recul nĂ©cessaire pour Ă©voquer l’indicible, et nĂ©cessite aussi, de la part du lecteur, de pouvoir interprĂ©ter les faits Ă©voquĂ©s Ă  l’arriĂšre-plan Ă  partir du silence. L’anticipation finale permet de comprendre que, quoi qu’il arrive, la vie passe sans pour autant gĂ©nĂ©rer l’oubli, mais vient adoucir la douleur. (M.T. et L.L.-D.)