L’obscure clarté de l’air

VANN David

Pour essayer de retenir l’assaut du roi de Colchide lancé à la poursuite des voleurs de la Toison d’Or, sa fille Médée, seule femme à bord de l’Argo en fuite, jette dans les flots les restes de son frère qu’elle vient de tuer. Elle est intrépide et guerrière, éprise de liberté, insoumise, prête à détruire tout ce qui s’oppose à son amour pour Jason et à sa quête de puissance.

 

S’inspirant de la tragédie d’Euripide, David Vann (Aquarium, NB octobre 2016) resitue l’histoire de Médée à l’Âge du bronze (XIIIe siècle av. J.-C.), la dégage des figures mythologiques qui lui sont souvent associées, lui redonnant ainsi des couleurs modernes malgré – ou à cause de – la cruauté des moeurs de l’époque. Il ne néglige aucun détail des nombreux épisodes sanglants qui conduisent au meurtre des enfants par leur mère : l’épopée des Argonautes, l’assassinat du roi Pélias, la trahison de Jason, la vengeance de Médée. L’auteur ne quitte pratiquement jamais le registre horrifique et brutal. La lecture est rendue encore plus éprouvante et déstabilisante par l’emploi d’un style lyrique et flamboyant, mais fort particulier : ellipses, phrases courtes, omission de verbes… Ce roman ambitieux exerce une fascination troublante. (T.R. et S.L.)