Le temps, le temps

Peter Taler ne se remet pas de la mort de sa femme, Laura, assassinée un an auparavant. Son voisin d’en face, Knupp, vieux monsieur acariâtre, est veuf lui aussi. Depuis leur fenêtre, ils s’épient mutuellement avant de faire connaissance. L’un essaie désespérément de trouver ce qui a changé dans son entourage ; l’autre pense pouvoir faire échec au temps en recréant de toutes pièces son environnement tel qu’il existait avant la mort de son épouse. Peter aide Knupp dans son projet fou, tout en menant son enquête pour retrouver l’assassin de Laura. Le fantasme du voyage dans le temps, revisité par Martin Suter (Allmen et le diamant rose, NB juillet-août 2012), donne à ce roman une saveur inédite. De fausses pistes en faux-semblants, cette quête de l’impossible fait cheminer dans le quartier des deux veufs et partager leurs sentiments. Les personnages sont décalés, englués dans un deuil inacceptable. Une dimension philosophique et poétique de cette négation du temps traverse un récit que l’auteur semble se régaler à composer jusqu’au dénouement final en pirouette expéditive.