D’un extrême l’autre

GÜNDAY Hakan

Derdâ, petite Turque de onze ans, mariée à un islamiste brutal, reste enfermée cinq ans dans un immeuble londonien. Arrive un nouveau voisin : elle l’appelle au secours en lui montrant des dessins de femme battue. Or il est masochiste pratiquant… Il l’initie à un monde où, paradoxalement, elle réussira à se libérer de toutes ses entraves. Derdâ, onze ans lui aussi, vit d’aumônes dans un cimetière d’Istanbul. Le hasard l’amène à s’occuper quotidiennement de la tombe de l’écrivain Oguz Atay. Sa vie en est transformée : il apprend à lire et comprend que la liberté se conquiert, même au prix fort, très fort. Deux destins voués d’emblée à la tragédie : misère, mépris incommensurable des femmes, religion dévoyée, corruption et mafia. Les pauvres ne vivent pas, ils survivent. Mais Hakan Günday, dans ces deux récits jumeaux (premier roman traduit en français) qui finissent par se rejoindre, réussit à transformer une réalité sordide en véritable conte. Les deux héros, enfants abandonnés par tous, au bord du désespoir, sont sauvés par de merveilleuses coïncidences ou de bonnes fées – métaphoriques bien sûr. Humour caustique, écriture dynamique, foi affirmée dans la culture et la volonté de vivre font un ménage plus qu’excellent.