Tant et tant de chevaux.

RUFFATO Luiz

Une succession de soixante-dix scènes de la vie à São Paulo montrent l’envers du décor brésilien. L’insécurité, la criminalité et la misère règnent. Par ses énumérations, l’auteur obtient un effet d’accumulation : le vice, la drogue, les vols, les meurtres, la maltraitance d’autrui par tous, y compris la police, donnent une vision très noire de la vie urbaine, conjonction de violence et d’injustice. Des visions atroces montrent les souffrances des bébés, enfants de la rue, vieillards ou mendiants, drogués ou prostituées adolescentes pitoyables autant que jeunes voyous ; crédulité naïve ou ingratitude caractérisent les rares familles normales. Pas de riches sauf un mafieux et le seul médecin mis en scène refuse d’opérer en urgence le malfrat qui l’a autrefois dévalisé.  Ce premier roman coup de poing est une satire au scalpel d’une société fortement contestée. On peut rapprocher cette évocation de certains romans américains très noirs. L’écriture, très moderne, parfois incohérente ou hachée, toujours rapide, fait de ce kaléidoscope un brûlot de révolte pure.