Le fils

MEYER Philipp

En 1836, naĂźt Eli McCullough. En 2012, meurt son arriĂšre-petite-fille Jeannie. Entre les deux, la famille McCullough Ă©chafaude sa prodigieuse ascension sociale sur la terre texane, construite par les armes contre Espagnols, Mexicains et Indiens. Eli, le « Colonel », enlevĂ© Ă  douze ans par les Comanches, engagĂ© dans l’armĂ©e sudiste, spĂ©culateur avisĂ©, maĂźtre de milliers d’hectares, craint et admirĂ© ; Peter, son fils trop sensible, qui abandonne pour une femme la quĂȘte de profits meurtriers ; Jeannie, forte et solitaire, qui gĂšre jusqu’au bout bĂ©tail et forages pĂ©troliers, lĂ©guant son Ă©norme fortune et ses terres Ă  des petits-enfants indiffĂ©rents. Les trois acteurs principaux parlent tour Ă  tour et leurs rĂ©cits, interrompus Ă  l’apogĂ©e de l’action, s’entrecoupent, zigzaguent Ă  travers chronologie et gĂ©nĂ©rations, repartent, ouvrant d’autres pistes. DĂ©rapant parfois d’une fratrie Ă  l’autre ou ralentissant dans les dĂ©tours de la guerre de SĂ©cession, le lecteur n’en parcourt pas moins avec fascination cette Ă©popĂ©e grandiose et sanglante. Dans le dĂ©nouement, superbe, l’auteur (Un arriĂšre-goĂ»t de rouille, NB mars 2010) rappelle que chaque civilisation achevĂ©e est appelĂ©e Ă  disparaĂźtre, anĂ©antie par des barbares. Les Indiens libres, dĂ©sintĂ©ressĂ©s, respectueux de la nature, ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des « Anglos » dĂ©vastateurs, asservis Ă  l’argent.