Le faste des morts.

ÔE Kenzaburî

Elles ne sont pas rĂ©jouissantes, ces nouvelles de jeunesse de KenzaburĂŽ Ôé : l’une a pour cadre la morgue d’un hĂŽpital universitaire oĂč, dans des cuves pleines d’alcool, flottent les cadavres destinĂ©s Ă  la dissection. Des Ă©tudiants aident Ă  la manipulation des corps, travail Ă©prouvant
 Une autre dĂ©crit la perversitĂ© et les jeux cruels des pensionnaires d’une maison de redressement. CoupĂ©s du monde, ils vivent dans un nĂ©ant moral. Le hĂ©ros de la troisiĂšme histoire est un garçon de dix-sept ans, incompris dans sa famille, torturĂ© par une sexualitĂ© dĂ©voyĂ©e. La rage et les frustrations grondent en lui jusqu’au jour oĂč, sĂ©duit par le discours d’un leader d’extrĂȘme droite, il s’engage Ă  ses cĂŽtĂ©s, libĂ©rant ainsi sa violence refoulĂ©e.

 

Ces thĂšmes sont traitĂ©s avec rĂ©alisme par l’écrivain alors ĂągĂ© de vingt Ă  trente ans, futur prix Nobel 1994 et dĂ©jĂ  maĂźtre d’une Ă©criture sobre et puissante. CulpabilitĂ© et angoisse sont le quotidien de ces adolescents. Faut-il y voir une image de la jeunesse japonaise dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre ou l’expression des tourments d’un jeune auteur ?