En 1897, Simonini, soixante-sept ans, entreprend d’écrire ses souvenirs. Turinois abreuvé d’antisémitisme par son grand-père, il devient expert en faux documents, travaillant pour un notaire véreux. Cette réputation lui vaut d’être recruté comme espion chargé de surveiller Garibaldi. Son zèle l’exile à Paris. Là, il complote et ne recule devant rien : monter de faux attentats, éliminer les témoins encombrants, fabriquer des documents provocateurs pour attiser la haine contre les jésuites, les francs-maçons, et surtout les juifs.
Ce livre singulier, conçu comme les feuilletons illustrés de la fin du XIXe siècle, s’insère dans l’histoire italienne et française s’inspirant de faits et de personnages réels. Seul, l’anti-héros diabolique est fictif. La construction sophistiquée mêle trois voix, la sienne, celle d’un abbé pourtant déjà assassiné (!), et celle d’un « Narrateur » qui clarifie des intrigues complexes. La violence de propos haineux rapportés et dénoncés par Umberto Eco fasciné par la psychiatrie naissante, l’hypnose, le satanisme, peut choquer, mais reflète, à l’image des caricatures insérées dans le texte, l’ambiance d’une époque. Un roman bouillonnant et sulfureux.