Enis Batur, Turc de culture française, invite, dans ces trois essais romancés, à la reconstitution d’un puzzle dont la transgression serait le fil conducteur. Aujourd’hui au Musée d’Orsay « L’Origine du Monde », peinture de Courbet, commandée en 1867 par un diplomate ottoman, reste un mystère : celui de sa création, de sa disparition, de sa réapparition chez le philosophe Jacques Lacan. Un sexe féminin crûment représenté, le tableau est un défi à l’éthique de l’époque. L’auteur poursuit par la désobéissance initiale d’Adam et Ève, privés de la grâce. Enfin la rébellion de Guillaume Tell contre l’omnipotence autrichienne met la vie de son fils en danger. Dans ces exemples, l’écrivain souligne la connotation sexuelle (la pomme en est l’emblème) des infractions commises. Elles ont un prix : occultation du tableau, expulsion du Paradis, possible mort d’un enfant. Cet ouvrage hermétique à l’écriture « mosaïque », aux incessantes et imaginaires digressions, demande comme Amer Savoir (NB janvier 2002), une érudition picturale, littéraire et psychanalytique élevée.
La Pomme
BATUR Enis