La Nuit Morave

HANDKE Peter

Dans un village de Serbie, un ancien écrivain convie sept amis en pleine nuit sur sa péniche ancrée sur la Morava. Après le dîner, l’hôte se lance dans un long monologue, auquel chacun participe par ses questions ou sa narration parallèle. Il raconte le voyage qu’il fit en Europe : la traversée en car des Balkans lourds d’hostilité, son séjour sur une île méditerranéenne où il écrivit son premier roman, un congrès sur le bruit en Espagne, la rencontre avec une femme, sa visite sur la tombe de son père en Allemagne, puis l’Autriche et son village natal…

 

Ce périple, non daté, entre pélerinage, errance et quête, teinté d’onirisme, est-il réel ou imaginaire ? Le récit, métaphorique, développe de nombreux thèmes : désenchantement, uniformisation du monde, incompatibilité entre amour et écriture, solitude, frontières… Attentif aux lieux et choses modestes, aux détails infimes, l’auteur saisit la palpitation profonde de chaque instant et la restitue dans de longues phrases sineuses, mélodiques, soucieuses de l’expression exacte. Le sens, complexe, à l’instar de Don Juan (raconté par lui-même) (NB mars 2007) est à méditer selon la sensiblité de chacun et les résonances particulières engendrées. Un livre étrange, difficile, mais poétique et apaisant, très personnel, en résistance au formatage ambiant.