La fureur de la langouste

Brasseur de multiples affaires fort rentables mais pas forcément honnêtes, Razzani est maintenant un homme traqué : par les journalistes, les crédules abusés, les créanciers vengeurs et les juges. Et ce malgré son efficace garde rapprochée, ses changements de domicile et ses disparitions orchestrées. Seule sa famille l’apaise. Il est pour Tino, son fils adolescent, un père complice et rassurant, un guide. Après sa disparition, Tino, son inconditionnel admirateur, refuse les révélations sur la figure paternelle. Par un geste spectaculaire qu’il voudrait libératoire, il essayera de le démythifier. Dans l’Argentine actuelle, des destins marqués par l’errance et la peur. Sur cet univers de violence planent les liens forts et tendres d’un fils prisonnier de ses fantasmes et d’un père séduisant aventurier, amateur de langouste au xérès. Les différents acteurs accomplissent, avec rigueur et cohérence, un parcours empreint de pessimisme rappelant La malédiction de Jacinta (NB février 2011). Cette histoire éminemment romanesque, au style dépouillé, est très bien construite. Le lecteur en suit avec curiosité et angoisse les péripéties et reprend rarement haleine. Le dénouement est énigmatique.