La couleur des sentiments

STOCKETT Kathryn

Au début des années soixante, à Jackson (Mississippi), coexistent deux communautés dans un climat méprisant, hostile, issu des conflits historiques datant de l’esclavage. Les Blancs, aisés, mondains, snobs, imposent des règles ségrégationnistes visant la domesticité noire chargée de l’éducation des jeunes enfants et des tâches matérielles. Une journaliste blanche aux idées progressistes parvient à convaincre clandestinement quelques “bonnes” noires de ses amies à lui raconter les heurs et malheurs de leur vie pour en faire un livre. Au risque pour celles-ci de se faire reconnaître par leurs patronnes et de se faire immédiatement renvoyer, perdant ainsi leur seul moyen de vivre.

 

Bien que contemporaine des manifestations de Martin Luther King, la description de l’ambiance sociale peut paraître, à tort, outrée et surprendre par son extrémisme. Les sentiments de chacun, alternativement exposés par la journaliste et deux nurses à forte personnalité, sont très humains et servent de base à une intrigue émouvante. Il s’en dégage une peinture rigoureuse des faits et, ce qui importe le plus à l’auteure, la découverte que la séparation affective entre les deux ethnies est moins rigoureuse qu’il ne paraît.