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KURNIAWAN Eka

Deux policiers violent une femme, la tuent, l’enterrent aussitôt. L’adolescent Ajo Kawir est le témoin clandestin de la scène et depuis, hélas, son « Oiseau » ne relève plus la tête. Il est un fier tabasseur pourtant et plein d’amour pour sa fiancée… Tour à tour tueur à gages, emprisonné, camionneur, n’osant toujours pas retrouver sa bien-aimée, il devient un adulte plus sage. L’Oiseau se réveillera peut-être… Après Les Belles de Halimunda (NB octobre 2017), cette plongée dans la vie villageoise javanaise est un enfer de violence. Un homme y vaut par sa force. Le vrai caïd cogne, tue. Pour l’honneur, pour se venger, pour le plaisir. L’instituteur viole ses élèves. Les camionneurs s’affrontent pour s’envoyer au fossé (scène d’anthologie !). Les militaires organisent des combats humains, enjeux de leurs paris. Les yeux énucléés sont jetés aux chats, les os craquent. Satisfaction générale. Pourtant, le lait de la tendresse humaine coule malgré tout. L’amitié rend heureux, l’amour comble, fait souffrir. Les propos affectueux qu’adresse le héros à son « Oiseau » sont d’une fraîcheur naïve… Le récit progressant par zigzags inattendus étonne, ébranle, attache. Il n’encourage guère au tourisme mais véhicule une force d’une fascinante brutalité.  (M.W. et F.L.)