Un mot sur Irène

AKRICH Anne

La quarantaine, charismatique, manipulatrice, séduisante, provocante, homosexuelle spécialiste du « genre », chargée de cours à l’EHESS et à l’université de Columbia, Irène Montès est aussi écrivain. Elle fascine ses étudiantes et fidélise ses lecteurs. Son mari plus âgé, professeur estimé de littérature classique, pressenti pour la présidence de la Sorbonne, peine à boucler le livre qu’attend son éditeur. Il a pour la narcissique et perverse Inès, dont il est le jouet, des sentiments brouillés d’amour, de colère, de tristesse, de jalousie et d’admiration. Elle est retrouvée nue et morte au Soho Hotel à New York. Quelles perversions, quels fantasmes habitaient ce couple apparemment respectable ? Anne Akrich plonge dans la perte de contrôle, de conscience, dans la dissociation d’un homme épris mais éconduit, frustré et rabaissé par son épouse. Le style est souvent haché, riche en infinitifs, mais aisé, parfois allusif. Les ombres de Richard Descoings, de DSK et d’Althusser rôdent autour de l’intrigue et hantent le décor d’une université plutôt caricaturale. Méticuleuse dans ses descriptions, l’auteur s’attarde sur les scènes homosexuelles ou sadomasochistes. Le lecteur étourdi finit par avoir du mal à distinguer le réel de l’halluciné. Un premier roman, glauque, déroutant mais maîtrisé. (B.V. et C.R.P.)