Trop bien élevé

BREDIN Jean-Denis

Romancier, essayiste, biographe, Jean-Denis Bredin, membre de l’Académie française, s’est peu dévoilé. Dans Mots et pas perdus (NB mai 2005), il a évoqué son parcours professionnel ; il relate maintenant son enfance avec la même lucidité, la même modestie.  Né en 1929 dans la haute bourgeoisie parisienne, il vit chez son père d’origine juive, attaché au travail et aux habitudes, mais passe vacances et jeudis avec ses soeurs chez sa mère, plus raffinée et fantasque. Aucune spontanéité, aucune marque tangible de tendresse : la bienséance l’interdit dans les deux familles. Enfance solitaire, angoissée même par le désir de répondre aux exigences d’excellence des parents : pour être digne, le petit bonhomme se réfugie dans le travail et la lecture. Son père meurt en 1939. Jean-Denis vit désormais chez sa mère catholique dans le Marais, et reçoit le nom de son beau-père quand il va enfin à l’école, en octobre 1940. Il assiste impuissant aux rafles nocturnes et à la disparition de ses camarades juifs. Seul reste le souvenir des leçons d’écriture prodiguées amicalement par le meilleur élève en français. Un récit intimiste poignant.