Tous les enfants sauf un

FOREST Philippe

Une dĂ©cennie d’absence : celle de Pauline, quatre ans, emportĂ©e par un cancer. L’auteur analyse en sociologue les rĂ©alitĂ©s objectives de l’hĂŽpital, la mĂ©lancolie des patients, dĂ©nonce – non sans brutalitĂ© – les dĂ©rives actuelles des thĂ©rapies consolatrices : rĂ©silience, travail de deuil, rites funĂ©raires (athĂ©e, le couple a cependant demandĂ© le baptĂȘme pour l’enfant). En philosophe il pose l’Ă©nigme, la fascination de la mort devenue tabou, “l’esseulement de la souffrance”, le temps qui abolit
 Mais c’est en pĂšre qu’il crie sa rĂ©volte, son incomprĂ©hension, l’impossible guĂ©rison. Enfin l’homme ne peut expliquer son besoin d’Ă©crire, ce n’est nullement une catharsis mais il a besoin d’expurger encore sa douleur exprimĂ©e dans ses romans prĂ©cĂ©dents : ce rĂ©cit – sans dolorisme – en sera l’Ă©pure. Sans espĂ©rance, il survit, lucide et curieux pour rĂ©affirmer que l’ĂȘtre perdu est irremplaçable car il est la mĂ©moire de l’amour donnĂ©. Une Ă©criture superbe – aucun mot n’est vain –, sensible (dĂ©jĂ  remarquĂ©e dans Sarinagara, NB novembre 2004), sert ce rĂ©cit qui commande le plus grand respect.