Surtout ne te retoune pas.

BEY Maïssa

En Algérie, le tremblement de terre de mai 2003 sème malheur et destruction. Ces bouleversements font écho à l’oppression pesant sur les femmes qui sont solidaires dans la précarité. Dans une société bloquée où tradition, arbitraire et intolérance répriment toute indépendance, sont jugées folles celles qui récusent les normes, soutiennent le regard ou refusent d’être écrasées par quelques-uns. Ayant fui famille rigide, fiancé et village, la narratrice rejoint les réfugiés du séisme, s’attache à la femme qui l’héberge, se sent plus proche des survivants que des siens. Sans mémoire, sans passé, elle décide de suivre une femme se disant sa mère qui l’emmène vivre à l’abri des répliques sismiques et l’entoure d’affection (excessive ?).

 

L’auteur fait alterner récit et voix intérieure, exprimant de façon subtile la difficulté de la condition féminine et la recherche d’identité. Désir de liberté, besoin d’errance ou d’amitié caractérisent ce témoignage lyrique et attachant, quoique déroutant. Talent d’évocation et langue poétique, déjà admirés dans Sous le jasmin la nuit (NB avril 2004), séduisent ainsi que son humanité et sa profondeur.