Mémoires au soleil

BEGAG Azouz

Son père a encore disparu. Se sentant coupable de l’avoir laissé partir, il le cherche fébrilement et finit par le retrouver au Café du Soleil, entouré de ses vieux compagnons, muni de son inséparable gamelle de chantier. Comme dit sa mère, il a la maladie d’Ali. Est-il trop tard pour redonner leur dignité à ses parents analphabètes et pour connaître ses racines ? Dans un roman aux tendres accents autobiographiques, l’auteur (Salam Ouessant, NB mai 2012) rend un bel hommage à ses parents et, tout particulièrement à son père dont il accompagne les derniers pas. Ce père qui lui lègue un patronyme incertain, des aïeux anonymes, un bled introuvable dans un pays inconnu et à qui, seule, la carte d’ouvrier-résident a donné une véritable identité – mais qui, par ses sacrifices, lui permet de faire des études. L’histoire se déroule dans une quasi-unité de lieu ; le temps de partager un moment la vie de ces vieux travailleurs qui conjurent leur solitude d’exilés devant d’interminables parties de dominos et veillent sur le plus fragile d’entre eux. Une écriture imagée porte un récit bien construit où la cocasserie masque l’émotion. (M.R. et L.C.)