San’kia

PRILEPINE Zakhar

Sacha Tichine, tenaillĂ© par l’inanitĂ© de la sociĂ©tĂ©, rĂ©voltĂ© par la mĂ©diocritĂ© du pouvoir, dĂ©bordant d’une dignitĂ© intĂ©rieure hyperbolique, a adhĂ©rĂ© au mouvement d’agitation politique des Soyoutski. Le groupe fonctionne Ă  l’instinct. Sans Ă©tiquette autre qu’un bariolage incongru mi-fasciste, mi-voyou ou encore mi-bolcheviste, mi-anarchiste, il balance entre bouffonnerie et panache, courage et cynisme.

 

On ne sait si cette mouvance sans repĂšres est une fraction reprĂ©sentative de la jeunesse russe d’aujourd’hui. Mais derriĂšre l’étude sociologique tricotĂ©e de fiction, on retient les rĂ©currences de l’histoire russe et ses cycles centenaires de “glaciation sanglante, de dĂ©gel goutte Ă  goutte et de chaos”. San’kia, deuxiĂšme roman de Zahkar Prilepine Novorod, est un “best seller” sur Internet en Russie. Un rude roman russe. Éternel et plein de mots, de controverses, de personnages, d’états d’ñme, de bagarres, de neige, de vodka et de quelques
 longueurs. Mais aussi actuel. TraversĂ© par une rĂ©flexion sur la patrie, l’ordre social, le partage, la russitĂ© indissociable de la spiritualitĂ©, la rĂ©volution et la rĂ©pĂ©tition de l’histoire.