Corps conducteurs : où je cherche le coeur de Clara Rockmore, mon seul et unique amour, la plus grande joueuse de thérémine que le monde connaîtra jamais

MICHAELS Sean

Léon Termen, alias Docteur Thérémine, physicien russe de Saint Pétersbourg, invente en 1921 l’instrument de musique éponyme, à base de modulation de champs électriques couplés à des haut-parleurs, qui retient l’intérêt de Lénine. Dès lors il va tout connaître, tournées triomphales, gloire et rencontres prestigieuses puis oubli à New York, nombreuses autres inventions, tentatives d’espionnage pour l’URSS, rapatriement forcé à Moscou, goulag, puis travail scientifique forcé au profit de Beria. Et une indéfectible et impossible passion pour Clara Reisenberg…  Ni biographie rigoureuse – l’auteur reconnaît des « distorsions, élisions, omissions et mensonges… » – ni polar, ni document sociologique ou d’espionnage, ce premier ouvrage original de Sean Michaels tente de nous attacher au sort étonnant d’un homme d’exception à la merci des évènements et trop russe pour se rebeller. Si la description du New York des années 20 est attachante, on reste sur sa faim quand l’auteur évoque l’archipel du goulag dont Soljenytsine ou Chalamov ont si bien su décrire l’univers concentrationnaire. Mais, malgré une sorte de mise à distance des faits, la densité de l’itinéraire du héros si richement complexe et le timbre presque incantatoire d’une écriture à la juste puissance évocatrice retiennent. (M.S. et C.R.P.)