L’Archipel des Solovki

PRILEPINE Zakhar

Artiom a vingt-sept ans lorsqu’il est dĂ©portĂ© aux Solovki, comme dĂ©tenu de droit commun. Etat dans l’Etat, le pouvoir n’y est plus soviĂ©tique, mais « soloviĂ©tique ». Economiquement autosuffisant, TchĂ©kistes, popes, truands et politiques y travaillent, proies des mouettes et des poux, en butte Ă  la violence. Artiom change d’affectation au grĂ© des humeurs du chef de camp ou de sa maĂźtresse Galia, qu’il sĂ©duit, avec pour seul objectif sa propre survie.   La littĂ©rature dĂ©crivant les camps soviĂ©tiques, insiste sur l’époque stalinienne et son rĂ©gime dur. Grande voix littĂ©raire, trĂšs engagĂ© politiquement, Prilepine (Une fille nommĂ©e AglaĂ©, NB juin 2015) aborde la pĂ©riode moins connue des annĂ©es 20, plus libĂ©rale, considĂ©rĂ©e comme l’embryon du Goulag, oĂč rĂ©gnait au sein du camp une certaine libertĂ© de penser, oĂč la culture cĂŽtoyait l’élevage et l’agriculture. Il suit le parcours d’un dĂ©tenu jeune et vigoureux dont le cĂŽtĂ© espiĂšgle est attachant et dont l’évolution psychologique qui le voit passer de fanfaron Ă  servile puis vulnĂ©rable, est trĂšs bien Ă©tudiĂ©e. Les nombreux dialogues permettent un certain rythme mais le rĂ©cit-fleuve, qui offre une autre vision des Solovki, n’évite pas les longueurs. (Maje et M.-N.P.)