Le papillon de nuit

KETTU Katja

Verna quitte la Finlande pour le pays Mari, dans le nord de la Russie, retrouver son père parti à la recherche de la terrible histoire de sa propre mère, Irga, à qui on a tranché la langue. Lorsqu’elle arrive, Henrik est déjà mort. Verna est recueillie par Elna, vieille femme qui semble détenir des secrets et ne se livre pas facilement. Un passé sans humanité se fait jour.  

Katja Kettu (La Sage-femme, NB mai 2014), romancière, réalisatrice et chanteuse punk, écrit un roman magnifique qui tient du fantastique. La réalité se mélange à des coutumes finlandaises ancestrales proche du chamanisme. Les croyances mythologiques, les pratiques divinatoires se mêlent aux cris des chefs du camp. Les chapitres qui alternent la parole d’Irga, d’Elna et de Verna entre 1937 et 2015, abordent la très difficile vie des prisonniers de camps en Sibérie, où la seule loi est de survivre. Bien qu’il n’y ait pas de place pour la douceur ni climatique ni de sentiments, l’auteure ne sombre pas dans le misérabilisme outrancier, simplement le difficile régime des goulags. Le lecteur est envoûté par la beauté magique du récit qui convainc par sa puissance narrative et sa construction maîtrisée. (C.M. et F.L.)