Requiem pour une république

CANTALOUBE Thomas

En 1959, un avocat algérien et sa famille sont massacrés à Paris. Par qui et pourquoi ? Ce sera l’obsession de Luc Blanchard, jeune inspecteur de la criminelle et d’Antoine Carrega, un truand corse, plutôt sympathique. L’enquête se déroule sur fond d’événements historiques, traversés par des personnages connus ou oubliés, François Mitterrand et l’Observatoire, Pierre Debizet et le SAC, Maurice Papon, préfet de police de Paris  Thomas Cantaloube travaille à Médiapart. Dans ce premier roman, il imbrique deux récits. D’abord l’histoire d’une enquête difficile car volontairement étouffée sur ordre. C’est assez réussi car si l’on connaît d’entrée les responsables, on se demande comment la vérité sera découverte. Souvent improbables, les rebondissements sont judicieux, la construction est maîtrisée, l’alliance « objective » du flic, de l’ancien résistant et de l’ex-collabo intéressante. Dommage que des longueurs et une écriture un peu artificielle, à la manière d’un Alphonse Boudart, alourdissent la lecture. L’autre facette, la critique du régime gaulliste et des soubresauts de la guerre d’Algérie – les gouvernants sont cités nommément, le contexte bien documenté – tourne au pamphlet et à la caricature. L’auteur, journaliste engagé, sous couvert d’un ouvrage romanesque, donne son opinion sur cette époque troublée : elle est sévère, très polémique.  (E.G. et M.Bo.)