Qui dit je en nous ?

ARNAUD Claude

Comme Narcisse, nous nous contemplons et nous nous inventons tous les jours. « Nous rĂȘvons de devenir et le crĂ©ateur et la sculpture. » La croyance en l’individualitĂ© domine dans les dĂ©mocraties, et pourtant, nous sommes davantage faits de “nous” que de “je”, et jamais l’identitĂ© n’a Ă©tĂ© aussi fragile. DĂ©jĂ , dans les biographies passionnantes de Chamfort (NB mai 1988) et de Jean Cocteau (NB novembre 2003), Claude Arnaud avait Ă©tudiĂ© des identitĂ©s ambiguĂ«s et multiples. Il illustre son essai avec la vie, rĂ©elle, d’imposteurs ou mythomanes comme Gerstein, faux “SS”, qui sauve des victimes, mais n’est pas cru lorsqu’il dĂ©nonce l’horreur nazie, Jean-Claude Romand, faux chef de clinique, qui assassine lorsqu’il est dĂ©masquĂ©, Binjamin Wilkomirski, Ă©crivain, qui livre de pseudo-souvenirs d’enfant des camps d’extermination…

 

Certaines sĂ©quences de cette Ă©popĂ©e philosophique exigent une vĂ©ritable attention et un minimum de connaissances psychanalytiques. Romancier, essayiste et critique, l’auteur s’implique personnellement dans ce voyage impressionnant au coeur du moi. S’il lui est difficile de cerner tout Ă  fait qui il est, il confirme son talent de plume, sa grande Ă©rudition littĂ©raire.