Quand les nuages poursuivent les corneilles

ZSCHOKKE Matthias

Roman voudrait ĂȘtre heureux. Il aurait aimĂ© faire du thĂ©Ăątre, avoir du succĂšs. Il a une compagne, des voisins, quelques relations et surtout correspond rĂ©guliĂšrement avec sa vieille mĂšre et un ami dĂ©pressif qui attendent de lui qu’il les aide Ă  mourir ; et avec une tante d’AmĂ©rique
 Peut-ĂȘtre suffit-il que la vie aille son train.  L’existence du personnage est tout entiĂšre dans le glissement dĂ©sabusĂ© de l’espoir, dangereusement illusoire, Ă  la rĂ©pĂ©tition rassurante du quotidien. Force de la luciditĂ© ou peur de la vie ? Le romancier-narrateur ne condamne pas son personnage ! Il le sauve de notre agacement par l’humour, souvent noir, qui mĂ©tamorphose la banalitĂ© et par les fulgurances poĂ©tiques de l’écriture. Pas d’intrigue dans cet Ă©trange roman fait d’échanges Ă©pistolaires et du dĂ©roulĂ© des jours oĂč rien ne se passe de particulier. Mais un dĂ©nouement magnifiquement ironique : Roman, le hĂ©ros, invente sous nos yeux la piĂšce de thĂ©Ăątre qu’il n’a jamais crĂ©Ă©e et qui ne verra pas le jour. Sous couvert de fiction impossible, la parole s’y libĂšre, sensuelle, baroque, absurde de vie. (C.B. et A.M.R)