On a sauvé le monde

FERNANDEZ Dominique

Un étudiant en histoire de l’art arrive à l’Istituto d’Arte de Rome, dans l’Italie fasciste des années trente. Homosexuel, révolté contre lois et sociétés qui condamnent son penchant, il courtise pour sauver les apparences une belle Romaine… et tombe amoureux d’un jeune Russe blanc. Celui-ci partage sa passion en échange d’un serment d’obéissance absolue et l’associe à des vols de documents secrets. Il se révèle agent de la Guépéou, entraîne son amant à Moscou. Ils y découvrent le régime communiste, ses petites avancées, ses échecs patents, sa tyrannie meurtrière. Après quelques missions d’espionnage, ils sont happés par la machine stalinienne. Dominique Fernandez (Transsibérien, NB février 2012) nous promène dans Rome, dans Moscou, détaille les subtilités des toiles de grands maîtres, en particulier Nicolas Poussin, ou des affiches de propagande soviétique (reproductions), fait vivre fascisme et communisme d’avant-guerre. Attirant, instructif. Malheureusement, les dialogues s’alourdissent d’exposés trop pédagogiques, analyses politiques, variations sur l’art et son rôle social selon cultures et régimes… Le thème de l’homosexualité, traité avec une ardeur militante, encombre cette histoire romanesque peu crédible, presque naïve dans ses élans lyriques, écrite dans un style classique sans grand relief.