Ne reste pas là

RADOJČIĆ Natasha

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Dans la Yougoslavie communiste des années quatre-vingt, Sasha vit seule avec sa mère, une beauté blonde et glaciale. Son père, tzigane, autrichien et serbe, lui a légué ses yeux noirs et son pouvoir de séduction. Un oncle bien en cour auprès de Tito a été nommé ambassadeur à Cuba. À quinze ans, c’est son premier voyage et ses premières amours avec un Cubain bien trop basané pour être toléré. La mort de sa mère accélère les catastrophes : en Grèce chez son père qui l’ignore, elle dérive, avant d’émigrer à Manhattan. La marginalité s’installe.

 

Écrit à la première personne, ce récit d’une adolescence perdue touche. Rien n’est formulé du refus du monde des adultes tel qu’il est proposé à l’héroïne. Juste une description : le rôle assigné des jeunes filles, l’antagonisme chrétiens/musulmans, le comportement minable de l’oncle, l’absence de regard du père… Le style sans émotion est efficace. Comme la joie de vivre perce sous la désespérance, on peut espérer que, rebelle jusqu’au bout, l’héroïne refusera aussi l’enfermement dans la défonce.