Mains sur la nuque

PARRA Ángel

Ce matin du 11 septembre 1973, Rafael prĂ©fĂšrera s’allumer un joint plutĂŽt que de fuir comme lui conseille son amie. Les mains sur la nuque, la police militaire l’embarque et le conduit au Stade national oĂč sont dĂ©jĂ  enfermĂ©s des centaines de prisonniers politiques. Pinochet et l’armĂ©e viennent de prendre le pouvoir Ă  Santiago du Chili. Pour conjurer l’absurditĂ© de sa situation et pour soulager ses codĂ©tenus de la torture et des interrogatoires, lui, le modeste partisan de gauche, s’improvise conteur. Son ton dĂ©sabusĂ© surprend tout d’abord mais, emportĂ© par son histoire, il devient magicien des mots et son humour, mĂȘlĂ© Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ©, donne plus de force au rĂ©cit. Dans un style un peu plat, minimisant l’horreur de ce qu’il dĂ©crit, Ángel Parra, chanteur et compositeur, parle avec sensibilitĂ© et gĂ©nĂ©rositĂ© d’une situation tragique qu’il a vĂ©cue, avec beaucoup d’autres.