Trois biographies sommaires veulent aider à comprendre l’évolution du Maroc depuis les années cinquante, sous le protectorat français, jusqu’à nos jours. Tawfiq Assadiqui, à la mort de son père, caïd respecté et soumis, est partisan de l’indépendance. Il deviendra un avocat prospère. Faleh Elhamzaoui, également avocat, engagé à gauche, enrage contre le Makhzen, système alliant corruption et népotisme, mais s’accommodera finalement de la situation. Nabiha Samaane, sa contemporaine, est une femme libérée, excellente psychiatre, féministe. Mohamed Berrada, romancier marocain reconnu, mêle habilement ses personnages à l’évolution de la société. Chacun est soigneusement décrit et situé dans son contexte, au Maroc ou dans ses relations avec la France. L’ouvrage, psychologique, est aussi fortement marqué par les contradictions marocaines de l’époque, entre soumission aux traditions du passé et désir de changement, d’ouverture. Plutôt agréable à lire dans le récit de ces trois vies qui vont converger, le roman est alourdi par bien des longueurs. La montée de l’islamisme est évoquée, ainsi que le statut de la femme arabe, encore inférieur aujourd’hui, malgré des progrès. Mais le choix de la construction – un historien un peu trop présent écrit un roman à partir de ces témoignages – nuit finalement à l’illusion et au plaisir romanesques. (E.G. et A.Le.)
Loin du vacarme
BERRADA Mohamed