Attachement féroce

GORNICK Vivian

New York à la fin des années quatre-vingt. Une mère de soixante-dix-sept ans et sa fille de quarante-cinq se promènent dans Manhattan. Tout en marchant, elles raniment l’histoire familiale, la vie quotidienne après-guerre dans le Bronx, le souvenir de la belle Nettie, une voisine qui a servi de modèle féminin à la jeune fille lorsque sa mère a sombré dans la dépression à la suite du décès précoce de son mari. Vivian Gornick, née en 1935, a aujourd’hui dépassé l’âge qu’avait sa mère quand ce premier volume de souvenirs autobiographiques a été publié aux États-Unis (1987). Traduit trente années plus tard, il garde sa force et sa singularité dans l’observation et l’analyse d’un lien mère/fille plus proche parfois de la haine que de l’amour. Les oppositions entre les aspirations des deux femmes, leurs formations et expériences différentes, accentuent affrontements et incompréhensions. L’une, peu éduquée mais intelligente et intuitive, est viscéralement attachée à son statut de mère au foyer ; l’autre est assoiffée de connaissances, avide d’indépendance, résignée à vivre seule. Les allers-retours entre présent et passé sont judicieux, rythmés. Les réflexions introspectives, peu nombreuses, sont originales, subtiles, parfois complexes. Deux magnifiques portraits de femmes, avec leurs forces et leurs faiblesses. (T.R. et S.La.)