Automobile Club d’Égypte

EL ASWANY Alaa

Dans les années quarante, le très select Automobile Club d’Égypte est le centre de la vie cairote, réservé aux étrangers, au gratin égyptien et assidûment fréquenté par le roi Farouk, souverain débauché et inféodé à l’occupant anglais. Son chambellan cruel et corrompu règne sur l’innombrable domesticité du club et réprime impitoyablement toute tentative de contestation des serviteurs qui réclament la suppression des châtiments corporels et le droit à la retraite. Depuis L’Immeuble Yacoubian (NB janvier 2006), la réputation de conteur d’Alaa El Aswany n’est plus à faire. À travers la peinture de ce microcosme maîtres-serviteurs et d’une monarchie dissolue, ce sont les prémisses de la révolution de 1952 qui fera tomber la royauté et conduira à l’indépendance de l’Égypte qu’il dessine. Et avec quel talent ! Sa mise en scène vivante, colorée – où chaque fin de chapitre tient en haleine – est composée de multiples histoires, de celle d’une famille en particulier, dont les acteurs sont convaincants. Il stigmatise la violence, la misère, le fossé entre le peuple égyptien, contraint à la soumission, et la superbe méprisante des Anglais, annonce les premiers foyers de révolte, que ce soit dans la propre famille du roi ou dans le milieu étudiant.