Les mangues resteront vertes

LÉON Christophe

La RĂ©union, 1975. OdĂ©lise, 10 ans, vit heureuse au milieu des siens quand soudain elle est brutalement arrachĂ©e Ă  sa famille et envoyĂ©e en mĂ©tropole avec une centaine d’autres enfants. PlacĂ©e dans une famille d’accueil, dans une ferme de la Creuse, elle sera dĂ©sormais Odile. Sa famille lui manque, Ă  cela s’ajoutent les difficultĂ©s d’acclimatation et d’intĂ©gration, la nostalgie de son Ăźle, le sentiment d’abandon et d’incomprĂ©hension ; et le pire est Ă  venir. Seule Ă©chappatoire, s’inventer un double, ZeĂŻla, pour tenter de vivre.   Ce rĂ©cit bouleversant, et psychologiquement bien vu, dĂ©nonce le scandale d’une inconsĂ©quente dĂ©cision des autoritĂ©s de la mĂ©tropole. De 1963 Ă  1982, sous prĂ©texte d’assurer une Ă©ducation Ă  des enfants issus de milieux pauvres et illettrĂ©s, l’État français les dĂ©porte, dans le but de repeupler des dĂ©partements touchĂ©s par l’exode rural. Le lecteur est d’emblĂ©e happĂ© par la tragique destinĂ©e de l’hĂ©roĂŻne, interpellĂ© par sa facultĂ© d’acceptation de sa condition, quitte mĂȘme Ă  s’en sentir coupable. Mais un jour la coupe dĂ©borde, la rĂ©signation cĂšde la place Ă  la rĂ©volte, ZeĂŻla prend le destin d’OdĂ©lise en main. L’évocation rĂ©currente de l’Ile de la RĂ©union, paradis perdu, illumine cette sombre chronique.(E.-E.H. et F.E.)