Les aubes sont navrantes.

RAVIER Thomas A.

Un spécialiste de Proust ancien tagueur, voilà une antinomie efficacement provocante. Et en effet, ce récit (autobiographique ?), au style étudié, d’un narrateur-poète en visite dans le monde nocturne de jeunes tagueurs, se rehausse du contraste avec leur milieu fruste et leur langage pauvrement codé (celui-ci cependant finit par s’orner de grâces inattendues). Ivre de colère et de drogue, acharné à changer la ville – sinon la vie – en la marquant de sa trace, il expérimente comme eux les courses exaltantes, l’excitation du danger et l’orgueil du pouvoir. Mais, on le pressent, l’aventure rimbaldienne finira mal.

 

Les ressources littéraires de l’auteur sont grandes, qui célèbre encore et encore l’équipement et les armes de ces chevaliers de l’absurde, tout entiers investis dans l’intensité de l’instant. On s’ennuie un peu. On regarde les murs de Paris et ceux de la Provence entre deux oliviers. La fin, brutale, réveille. Cette incursion dans un univers fermé, qui rappelle celui d’Emma Jordan (N.B. oct. 2002), est décrite avec une virtuosité talentueuse, un peu trop complaisante.