Une vie parallèle

TELLIER-LONIEWSKI Laurence

Morgane avait vingt ans. Elle chantait. Elle était belle. Elle est morte, et sous l’égide du recteur de l’église bretonne, la cérémonie des funérailles rassemble la famille, les villageois et les drôles d’amis, jeunes drogués avec lesquels elle vivait. Eux tous qui l’ont connue reviennent sur leurs souvenirs. Un par un. Le recteur et le commissaire de police, la châtelaine et son fils, le cousin de Morgane, sa tante, son père, sa cousine, son petit ami… Sa mère, enfin. Et l’ex-cafetier, visionnaire devenu tatoueur, qui seul a su comprendre quelque chose d’elle. Les Arrangeurs avait plu (NB novembre 2009). On en retrouve ici le style étudié, précis avec élégance. Dans une tonalité qui reste ironique et froide, malgré la gravité du thème, les vignettes se succèdent, présentant parfois des personnages ou des scènes trop facilement stéréotypées. Et en dépit des multiples descriptions de la jeune morte, ces témoignages juxtaposés peinent à la faire revivre. Est-ce pour montrer le mystère des vies trop brèves et des révoltes adolescentes ? La difficulté pour des adultes de comprendre et d’accepter une marginalité inconcevable ? Derrière trop de banalités, la profondeur de ces questions se fait jour.