Le trésor des Okalus (Chroniques de l’Archipel ; 1)

RODKEY Geoff

Chapo : Des pirates sillonnant toutes les mers du monde des romans, il y en a de toutes sortes. Mais peu ont réussi, comme Egg, à faire rire, à intriguer et émouvoir, et avec un enthousiasme inaltérable.

 

Bienvenue dans l’archipel de Maw, véritable paradis pour forbans plus ou moins déjantés, qui ne dépareraient pas au générique de Pirates des Caraïbes. Sur l’Île de Temps-Mort, Egbert Masterson, auto-surnommé Egg, est le souffre-douleur de sa peu aimable famille qui ne côtoie que des pirates réduits en pseudo-esclavage sur la plantation paternelle. Dans des eaux perpétuellement agitées de sanglants combats, débarque un étrange palais flottant, le Paradis Terrestre, dont les quatre ponts sont bourrés de touristes en provenance de Rovie, qui se déversent dans les rues de Port-Lajoie sur l’île du Soleil–Levant. Affublé d’une jambe de bois ou d’un bandeau sur l’oeil, chacun des individus qui hantent les bars du port est à l’affût du moindre soupçon de pièce d’or, et c’est justement là que le père d’Egg divulgue bien imprudemment le secret d’un trésor inestimable, attisant la cupidité de Roger Pembroke, le maître incontesté de Soleil-Levant. Sous couvert d’une excursion extraordinaire « offerte » par Pembroke, la famille d’Egg s’évapore à bord d’une montgolfière. Réduit à la solitude et à la méfiance, passant de vaisseau en vaisseau, tous plus pirates et ennemis les uns que les autres, Egg s’enfuit, gagnant au passage un assistant inattendu, Tripoux, gamin sauvage, fidèle et manchot. Il retrouve aussi Milicent, la fille de Pembroke, avant de revenir sur temps-Mort à la tête de ce trio improbable pour récupérer son bien, et suivre la piste du trésor des Autochtones.

Avec un bel enthousiasme, et sans craindre les anachronismes, le récit court sur les traces d’Egg, de Millicent et de Tripoux, son acolyte insolite aussi futé qu’une fouine. Le prétexte est simple : trouver un trésor. Cette quête lance Egg sur les traces d’un père qui se révèle plus consistant qu’il n’y paraît, et d’un héritage mystérieux à souhait. Le décor de l’archipel, décrit en touches efficaces, est totalement hors du temps ; les péripéties, rocambolesques à souhait, s’y enchaînent à un rythme effréné, confrontent bons et méchants avec une verve truculente. Insensiblement, le ton change, distillant au passage sa petit dose d’émotion, d’amitié conquise dans le respect de l’autre, de sentiments mêlés d’amour, de défiance, d’obéissance filiale. Sans se priver de brouiller parfois les pistes, car il ne faut pas se fier aux apparences : les vrais méchants ne sont pas toujours ceux que l’on croit, et l’avenir réserve sans doute encore bien des surprises à Egg en route vers l’Ouest, vers les Terres Nouvelles.

À pirate, pirate et demi, à suivre… d’urgence.