Loin de l’évocation contemporaine et brutalement sportive stigmatisée dans les stades, Sébastian est un exilé roumain, juif, hooligan, qui raconte son errance. Déporté, il revient dans son pays d’origine. En 1945, en plein communisme, d’abord fasciné par la doctrine, il perçoit rapidement les horreurs de son application, la perversité du régime, la cruauté des élites. Avec humour, perspicacité et distanciation, il raconte la vie quotidienne des populations locales, impuissantes victimes. Alors, il part vers l’Amérique en 1986, laissant en Roumanie les liens charnels avec sa terre, sa langue : sa véritable identité. Un bref retour le confortera dans son étatdéfinitif d’étranger, lui qui revit douloureusement un passé familial et historique.
Ce beau livre aux chapitres courts, écrit à la première personne, est celui d’une vie riche, ardente, vagabonde. L’auteur, avec sensibilité, livre le panorama d’une époque sanglante dans un pays à l’implacable dictature. C’est aussi un ouvrage de culture, aux références nécessaires, entre biographie, roman historique et d’anticipation.