Le Conte du biographe.

BYATT A.S.

Phineas Nanson, lassé de la critique littéraire poststructuraliste, avide de faits concrets, choisit d’abandonner sa thèse pour se lancer dans la biographie… d’un biographe. Celui-ci, né en 1925, mort noyé en 1965, n’avait de cesse de se fondre dans la personnalité de son « biographé ». Que reste-t-il de cet homme ? Peu de chose en vérité. Une liasse de fiches retrouvées dans les archives recèle bien des zones d’ombre. Elles concernent Linné le taxinomiste, Galton le spécialiste de la psychologie animale et Ibsen le dramaturge. En traquant la réalité, Nanson fait d’agréables rencontres, une entomologiste blonde comme le pollen des abeilles et une radiologue brune comme la nuit. Partir à la recherche d’un autre, n’est-ce pas aussi se chercher soi-même ?

 Dans un déploiement de termes spécifiques, tous les domaines scientifiques sont explorés. La littérature n’est pas en reste. A.S. Byatt veut démontrer que tout argument scientifique est entaché de fiction et que toute biographie recèle une autobiographie. Son raisonnement brillant, encore une fois trop savant (Une femme qui siffle, NB décembre 2003), est loin d’être aisé à suivre.