Le chant du sabre.

KIM Hoon

À la fin du XVIe siècle, la Corée envahie se bat désespérément contre les Japonais. Un amiral demeuré célèbre, mollement soutenu par un roi pusillanime et par les alliés chinois toujours prêts à trahir, raconte sa résistance héroïque, ses victoires successives contre une marine jusqu’à vingt fois supérieure. Le dépaysement est total : le calendrier, la toponymie, les moeurs cruelles nous transportent ailleurs, sur une mer lointaine ponctuée d’îles brumeuses, où le génial stratège utilise les courants complexes et pour la première fois des navires blindés. Entre flux et reflux, les têtes coupées dûment salées deviennent monnaies d’échange, les villageois sont  massacrés, les exécutions se succèdent. Et les cris et les larmes hantent le sommeil du héros qui poursuit une longue méditation sur la mort.

 

Répétitive, froidement précise mais curieusement poétique, cette épopée écrite aujourd’hui ressuscite en courts chapitres, au milieu des horreurs de la guerre, la personnalité d’un homme sensible aux souffrances et à la nature, cuirassé dans son sens de l’honneur et son amour du pays natal. Cette lueur sur une histoire et une civilisation peu connues est étonnante.