La mémoire vaine.

ROSA Isaac

Comment ce jeune auteur espagnol a-t-il construit cette fiction ? Il l’explique. En premier lieu il la situe dans une époque : le franquisme qu’il n’a pas connu mais dont on devine qu’il l’obsède. Viennent les personnages principaux aux options politiques opposées : le professeur de littérature Julio Denis, universitaire non conflictuel, possible informateur du régime, disparu en 1965 et réapparu (?) en 1981 lors de l’insurrection madrilène et André Sanchez, étudiant communiste, souvent torturé, victime probable d’une police corrompue. La mémoire évoquée de ces identités énigmatiques va éclairer le lecteur, acteur impliqué, objecteur exigeant et dubitatif devant tant d’informations : témoignages vivants, extraits de presse, ouvrages historiques discutables. Les questionnements permanents de l’auteur sont le miroir de l’autocritique du romancier qui se défend de juger et alterne narration aux innombrables références et récit épique quand le Caudillo prend le pouvoir.

 

Ce brillant exercice de style, à l’architecture personnelle et intelligente, donne un roman déconcertant, une vision renouvelée de l’Histoire espagnole, de la Guerre Civile à la mort de Franco et à l’installation de la démocratie.