La Chambre noire d’Edith Tudor-Hart : histoire d’une vie

JUNGK Peter Stephan

Edith Tudor-Hart, photographe formĂ©e au Bauhaus, a laissĂ© une oeuvre d’artiste passionnĂ©e, engagĂ©e dans les luttes sociales. NĂ©e en 1908 dans une famille de libraires juifs de Vienne proches des communistes, elle Ă©migre en Angleterre oĂč elle connaĂźt des Ă©checs sentimentaux rĂ©pĂ©tĂ©s. Elle a en outre la charge d’un fils schizophrĂšne aprĂšs la fuite d’un mari assez lĂąche. ParallĂšlement surviennent des bouleversements fondamentaux : nazisme, purges staliniennes, Shoah
 On la soupçonne, sans preuves formelles, de complicitĂ© avec des agents doubles anglais car c’est bien elle qui a fait recruter Kim Philby par le KGB.  À l’issue d’une enquĂȘte tenace, l’auteur de Coeur Ă©lectrique (NB juin 2012) a Ă©crit, pour la sortir de l’oubli, une biographie de sa grand-tante. Ceux qui l’avaient bien connue devenaient rares et les Russes ont refusĂ© toute coopĂ©ration. L’évocation de ses difficiles recherches est d’ailleurs trĂšs rĂ©ussie. Il nous offre aussi le portrait d’une femme exaltĂ©e, fidĂšle au parti communiste, mĂȘme quand ses crimes sont rĂ©vĂ©lĂ©s. TrĂšs souvent malheureuse, elle s’est toujours battue. À la fois intime et faisant la part belle Ă  la grande histoire, des annĂ©es trente Ă  la chute du Mur, ce rĂ©cit est long, parfois complexe, mais instructif, Ă©crit avec coeur, intelligence et clartĂ©. (M.Bi. et M.-C.A.)