Fille de joie

MURATA Kiyoko

1903, quartier rĂ©servĂ© de Satmusa. Ichi, Japonaise de quinze ans, entre dans la communautĂ© des courtisanes. Venue des Ăźles du Sud, elle a Ă©tĂ© vendue par ses parents pour assurer la subsistance de leur famille. Comme beaucoup d’autres jeunes filles pauvres, elle va devoir se prostituer pour rembourser la dette contractĂ©e. Mais auparavant, outre l’acquisition de techniques sexuelles humiliantes, toute une pĂ©dagogie est dĂ©veloppĂ©e pour lui apprendre Ă  s’exprimer et se comporter avec Ă©lĂ©gance. GrĂące Ă  son institutrice, elle dĂ©couvre le sentiment d’injustice…    Kiyoko Murata (Le chaudron, NB juillet 2008) Ă©voque, avec une Ă©criture inspirĂ©e qui contraste avec le caractĂšre sordide du rĂ©cit, l’univers particulier de cette sociĂ©tĂ©. Les jeunes pensionnaires ont la fraĂźcheur et le langage sans dĂ©tours de leur Ăąge et leurs aĂźnĂ©es pratiquent une Ă©coute comprĂ©hensive quasi maternelle. Mais tout diffĂ©rents sont les travaux pratiques de l’amour : dĂ©monstrations obligent, la pudeur des partenaires dĂ©signĂ©es est bafouĂ©e. La pauvretĂ© se paie cher et cet enfer n’est supportable qu’en Ă©tant solidaire. Comment rĂ©sister Ă  l’avilissement et Ă  l’asservissement et espĂ©rer retrouver plus tard une vie normale de femme ? La libertĂ© de ton parvient Ă  dĂ©crire, sans choquer ni l’attĂ©nuer, une rĂ©alitĂ© rĂ©voltante. (M.-A.B. et F.L.)