Évangile des égarés

TACOU Georgina

Flora, la quarantaine, erre dans la dépression au point de penser à se tuer. Quand elle aperçoit dans la bibliothèque de son psy le livre Mars, de Fritz Zorn, elle reste muette, perdue dans ses souvenirs. Elle est ensuite internée au Refuge, un hôpital psychiatrique bienveillant où les patients, à l’abri des exigences de la société, se reconstruisent au contact les uns des autres. Elle en sort six semaines plus tard. Son fils l’attend, adolescent atypique qui refuse internet et téléphone portable. Trois parties distinctes rythment ce roman tout sauf déprimant sur la dépression. Dans la première, la narratrice se remémore, d’une écriture fiévreuse, les principales étapes de Mars, de la vie de son auteur et de sa propre vie, et aboutit à la nécessité de la colère. Dans la seconde, différents patients de l’hôpital prennent la parole, racontent leur sortie de route, d’une langue pragmatique ou poétique. Dans la dernière, le fils donne son point de vue. C’est la dénonciation d’une société souffrante, étouffée par les non-dits, le manque d’amour, pétrie de violence. Le roman se clôt sur un pèlerinage en Suisse, où vécut Fritz Zorn, hommage à celui qui ouvrit la voie de la lucidité et de la guérison aux perdus de ce monde.  (M.D. et J.G.)